Mes parents me content souvent des histoires de mon enfance. À une époque, mon père avait une entreprise de construction de foyers de granit. Il parcourait le Québec à bord de son pick-up Ford, accompagnée d’une jeune demoiselle tout juste en âge de parler. Et pour parler, elle parlait! Les « pourquoi » s’enfilaient un à la suite de l’autre.
Ensemble, on visitait des villes et villages typiques du Québec, pas des Walt Disney Word, des vraies places, avec du vrai monde et beaucoup d’histoire. La placoteuse était accueillie à bras ouverts par les clients de papa, jouait avec leur chien, s’amusait avec leurs enfants, partageait leurs repas, partait à l’aventure dans leur cour. Nous en profitions pour visiter les lieux d’intérêt particulier, les secrets bien gardés qui nous étaient révélés par les gens de la place. Chaque nouveau foyer me faisait découvrir son lot de merveilles. Disons que ma socialisation et ma découverte de notre belle province ont commencé tôt.
Plus j’y pense, et plus je réalise que ces aventures ont formé la personne que je suis aujourd’hui et ma vision du tourisme. Cette façon de vivre et de concevoir l’expérience touristique, elle est celle d’une vision aussi large que l’horizon qui se dresse devant nous à perte de vue. Elle est celle de décloisonner le tourisme pour en faire une chose collective, qui touche autant le noyau touristique d’une région que ses lieux culturels, son folklore, ses commerces…
Le touriste n’est pas un étranger, il participe à la co-création de l’espace qu’il visite. Il a soif d’apprendre, il est ouvert et sensible à ce qui l’entoure. Il veut vivre la vraie vie des gens "de la place". AirBnB en fait son nouveau créneau, ce n’est pas rien. Le tourisme permet à une région de se présenter sous son meilleur jour, tout en gardant son authenticité, ce qui mène souvent cette même région à réaliser toute la richesse de son environnement, de ses entreprises, ses artisans, ses citoyens. En touchant au tourisme, on finit même par retomber en amour avec son propre milieu de vie.
On me demande parfois si Vaudreuil-Soulanges est vraiment une destination touristique... Soit, elle n’a plus sa vocation d’antan de lieu de villégiature pour les richissimes de la grande ville, mais notre industrie ne s’en porte pas plus mal pour autant.
Vous avez l’impression qu’il n’y a pas vraiment de touristes dans notre région? C’est probablement qu’ils sont bien accueillis et attablés dans nos petits cafés, se fondant au paysage. Comme la placoteuse du début des années 1990, qui explorait et vivait simplement ce qu’il y a de meilleur en chaque endroit...
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