Tourisme Vaudreuil-Soulanges

Ma thérapie par la raquette

snow raquette Pixabay hiver
Colette Lebel
Colette Lebel

25/02/2021

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J’ai entrepris, pendant les Fêtes, la lecture de l’œuvre de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu. Tout un défi. J’avoue que j’y trouve des longueurs. Mais parfois, je tombe sur une envolée qui me transporte d’émotion. Et je prends plaisir à la relire plusieurs fois pour la savourer entièrement. Ça compense pour toutes les longueurs. Je commence le 5ième livre, La Prisonnière.

Mais c’est bien beau, la lecture, le télétravail et quelques marches pour prendre l’air, j’avais le goût de sortir de mon petit train-train quotidien. J’avais un coup de cafard. Aussi, spontanément, jeudi après-midi, j’ai averti mon patron que j’allais prendre congé le lendemain. Et je me suis concocté une belle longue fin de semaine. Plan pour mon vendredi : de la raquette au Mont Rigaud.

Vendredi matin, 9 heures. Il fait -15 °C. En fait, -23 °C, avec le facteur vent. J’enfile plusieurs épaisseurs de vêtements, je m’enduis le visage de beurre de karité, je rassemble lunettes de soleil, gourde, couvre-visage, carte de crédit et, bien sûr, téléphone cellulaire pour me faire une bonne provision d’images lumineuses.

La location de raquettes est bon marché : 9,99$ pour la journée. Je dois dire que je n’ai pas pratiqué la raquette depuis 20-25 ans. En fait, je suis restée au stade de la babouche. Aussi, je regarde la version améliorée de l’objet avec une pointe d’interrogation dans les yeux – c’est la seule partie de mon corps qui puisse exprimer quoi que ce soit. Mais le préposé est fin observateur. Soupçonnant mon retard en la matière, il m’invite à m’asseoir. Avec bienveillance et humour, il prend une raquette et m’explique l’ingénieux mécanisme qui tiendra ma bottine bien en place dans la raquette et que je pourrai désamorcer pour l’en retirer.

Attentionné comme un professeur de maternelle, il me fait même pratiquer, assise sur le banc. Fière de lui prouver combien je saisis vite, je prends l’autre raquette en lui disant : « On va les mélanger, pour voir! » et je lui fais la démonstration que, eh bien oui, même en les mélangeant, je suis toujours capable. On rigole. Ce sont ces petits moments de rien qui rendent la pandémie plus supportable. Un petit mot d’humour, un sourire gratuit, un petit coup de main, tout ça vous fait grand bien.

Carpe Diem

Je m’en vais donc, légende des sentiers en main. La seule contrainte, m’a-t-on dit : on ne va pas en raquettes dans les pistes de ski de fond. Pas de problème de mon côté. D’ailleurs, je préfère mes propres sentiers. La beauté de la raquette, c’est justement cette possibilité qu’elle nous donne d’aller, envers et contre tous, là où personne n’est allé, de fouler une neige encore toute vierge, tel un premier colon.

Mes yeux ne sont pas assez grands pour capter l’immensité du panorama. De gauche à droite, de haut en bas, tout m’enveloppe et me conforte. Je m’emplis et me rassasie.

 

Cultiver la gratitude

Dans cet état d’immersion dans la nature, c’est inévitable : il me remonte toujours, par l’intérieur, un puissant sentiment d’émerveillement et de gratitude. Ai-je le bonheur facile? Peut-être. Mais il y a aussi cette volonté, de tourner mon attention sur ce qui est beau et bon, plutôt que sur les tensions que je vis.

Je suis revenue sereine et chargée de bonnes énergies. Un état d’âme qui m’a habitée quelque temps et que j’ai pu rediffuser à mon tour, ne serait-ce que par un coucou à un enfant, là-bas, ou par un sourire à la dame qui attend son tour, devant la porte du bureau de location. Car la gratitude est un plat qui se partage.

En quittant le Mont Rigaud, je note les autres types de thérapie qui y sont offertes. La prochaine fois, ça sera la thérapie par le Fatbike. On n’arrête pas le progrès!

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